BABELIO AVIS DES LECTEURS
20 chapitres étudiant suivant un parcours circulaire* les relations entre la géologie et les constructions traditionnelles de différentes régions françaises. * Alpes, Lyonnais, Franche-Comté, Bourgogne, Alsace, Lorraine, Ardenne, Ile-de-France, Normandie, Bretagne, Centre et Pays de la Loire, Aquitaine, Pays sous-Pyrénéens et Catalogne, Languedoc, Massif-Central, Provence, Corse.
SOMMAIRE
Alpes
- Savoie. André COMBAZ
- Dauphiné. Jacques DEBELMAS
- Alpes du Sud. Claude ROUSSET
Lyonnais, vallée du Rhône, Bugey. Louis DAVID
Franche-Comté. Pierre CHAUVE
Bourgogne. Pierre RAT
Alsace. Pierre BRUNEL et Daniel JEANNETTE
Lorraine. Claude GÉRARD ?
Ardenne. Léon VOISIN ?
Ile-de-France
- Plâtre de Paris. Annie BLANC
- Grès de Hurepoix. Annie BLANC
- Grès de Fontainebleau. Daniel OBERT
- Calcaire du Soissonnais et du Valois. Alphonse BLONDEAU
- Meulière de Brie. Charles POMEROL
Normandie
- Ces falaises du Vexin au Cotentin. Roger MOURDON
- Maisons à pans de bois et Pays de Caux. Gérard BIGNOT
Bretagne. Bernard HALLEGOUËT
Centre et Pays de la Loire
- Anjou. Roman BROSSÉ
- Maisons du Berry. Jean-Yves HUGONIOT
- Loge berrichonne. Jean DÉPONT
- Val de Loire. Léopold RASPLUS
Aquitaine
- Poitou - Aunis. Pierre HANTZPERGUE
- Saintonge : architecture civile. Michel MOULINE
- Périgord. Jean DELFAUD
- Quercy. Jean-Luc ASTRUC, Andrée LEFAVRAIS ? et Jean-Louis OBEREINER
- Bordelais. Michel MOULINE
- Landes. Jean DELFAUD
- Agenais - Lomagne. Michel MOULINE
- Gascogne
Pays sous-pyrénéens
- Pays Basque. Jean DELFAUD
- Béarn - Bigorre. Jean DELFAUD
- Catalogne, Cerdagne, Capeir, Roussillon. Michel MOULINE, André VINAS et Germain VICENTE
Massif Central
- Limousin. Danièle SANTALIER
L'impactite de Rochechouart. Claude et Jacqueline LORENZ
- Massif Central. Jean-Pierre MARTY
- Aubrac. Claude ROUSSET
- Velay. Louis DAVID
Languedoc
- Haut-Languedoc. Jacqueline GUÉRANGÉ, Gérard SENGES, Michel MOULINE
- Languedoc méditerranéen. Jean-Claude BESSAC
Provence
- Provence. Claude ROUSSET
- Village des Arcs-sur-Agens. Annie BLANC
- Corse. Alain GAUTHIER
EXTRAITS
LE LIMOUSIN (Danièle Santallier)
Introduction générale
(...) Le Limousin constitue une vaste région d'environ 60 kilomètres d'est en ouest sur 100 kilomètres du nord au sud. Il s'étend sur les cartes Michelin 72 et 75.
Le socle limousin correspond à un segment arasé de la chaîne paléozoïque varisque. C'est une pénéplaine dont l'altitude moyenne se situe entre 200 et 500 mètres. C'est un pays de bocage, coupé de parcelles boisées. Le Limousin possède de nombreux cours d'eau de toutes tailles. C'est le pays de l'eau et de l'arbre dit-on dans le Pays des Feuillardiers entre Chalus et Nontron. Parmi les rivières les plus importantes, citons la Vienne et la Gartempe qui coulent vers le nord, la Dronne, l'Auvézère, la Vézère et la Corrèze qui se dirigent vers le sud-ouest. Le sous-sol de la région est constitué de roches cristallines élaborées tout au long du Paléozoïque entre 450 et 280 millions d'années. On a affaire à une chaîne dite de collision entre plusieurs plaques tectoniques. Dans le cas présent il s'agissait plutôt de micro-plaques constituant un archipel. C'est donc un domaine cristallin limité par des formations sédimentaires qui appartiennent au nord du Bassin de Paris, à l'ouest au seuil de Poitou et au sud-ouest au Bassin Aquitain. A l'est, la faille d'Argentat le sépare du plateau granitique de Millevaches. Nous adopterons ci-dessous pour la région ses limites géologiques, excluant ainsi le plateau de Millevaches (les « mille sources ») qui montre peu de variété dans la nature des matériaux de construction.
Les grandes lignes de la géologie limousine
Les roches cristallines qui constituent le Limousin appartiennent à deux grands ensembles.
Un premier ensemble est constitué par les roches métamorphiqes qui ont recristallisé à partir de roches préexistantes sous l'influence de changements pression et température. Les changements de pression induisent des changements de structures : les roches deviennent le plus souvent orientées. Les changements de température induisent des changements minéralogiques. les roches métamorphiques les plus fréquentes sont les gneiss et les micaschistes. On les trouve partout à l'exception de la bordure sud-ouest. Les gneiss présentent en général une schistosité (plan de débit mécanique avec alternance de lits de compositions minéralogiques différentes). Ils sont parfois gris et relativement riches en micas (carte d'Uzerche par exemple) parfois de teinte jaunâtre et particulièrement riches en quartz et en feldspaths. Les premiers dérivent d'anciens sédiments détritiques (les greywackes qui sont des grés très impurs), les seconds d'anciens granites métamorphisés (connus des géologues sous le nom de gneiss quartzo-feldspathiques) dans les arcs du Thaurion et de Saint-Yrieix (cartes de Limoges, Ambazac et Bourganeuf), et la vallée de la Corrèze (cartes de Brive et Tulle). Lorsque la température atteint autour de 750° centigrades, les roches fondent : on parle de migmatites, ou de gneiss migmatiques partiellement fondus. (...)
CORSE (Alain Gauthier)
Nulle part mieux que dans les construction de l'habitat traditionnel n'est illustrée la dualité géologique insulaire : Corse occidentale granitique, Corse orientale schisteuse et ophiolithique. La maison corse se caractérise par un volume simple, des ouvertures peu nombreuses, étroites et superposées, des murs en pierre de taille locale, un toit en général à deux pentes. De nombreux facteurs, non géologiques, interviennent, en Corse comme ailleurs, pour différencier l'habitat : fonction de la construction, place sociale du propriétaire - maison paysanne (a casa), maison de notable (u casone), maison noble (u palazzo, a torra) -, localisation altitudinale (plaine, marine, coteaux ou montagne), ou géographiques (terrasses de Balagne), etc.
Malgré cette relative diversité, la couleur de la maison, l'examen même repide de la façade et de la toiture, trahissent immédiatement la nature du sous-sol. Ici, peut-être plus qu'ailleurs, la nature du substratum imprime sa marque. Celle-ci se retrouve dans des détails architecturaux. Ainsi les voûtes sont plus fréquentes en Corse schisteuse qu'en Corse granitique où dominent les planchers à cause de la difficulté de se procurer des claveaux en pays cristallin. Inversement il est plus facile de tailler des linteaux monolithiques en Corse occidentale et nombreuses sont les demeures où des corbeaux sont en attente de balcons en façade. On retrouverait également la dichotomie géologique dans les fontaines, moulins, fours à pain, ou au niveau des pavages des rues voire dans l'architecture funéraire.
Les construction isolées sont rares et concernent surtout les locaux utilitaires (bergeries de montagne, paillers, séchoirs à châtaignes, etc.). L'habitat groupé est la règle. Le village est souvent situé sur un piton, une arête. Il est parfois dominé par un campanile élancé. Il donne souvent une impression monolithique, renforcé par le petit nombre et la taille des ouvertures. L'emploi des matériaux permet un mimétisme parfait avec le site et le village se fond alors dans le paysage.
En Corse occidentale les murs sont en granite. Les enduits sont rares et les nombreuses variétés colorées des granites (grises, beiges, rouges) imposent leur teinte aux façades. Plusieurs types d'appareillages sont utilisés:
- appareil irrégulier : emploi des moellons bruts. Les pierres, de dimensions assez petites pour pouvoir être manipulées par le maçon, sont calées par de petits éclats. Les anfractuosités sont bourrées de terra rossa ou de mortier à base de chaux,
- appareil régulier : le granite possède la propriété de se tailler facilement en blocs de forme régulière, les quadri, par suite de l'existence de « fils » dans la roche. L'empilement des quadri donne naissance à l'appareil régulier. Ici aussi les joints peuvent être bourrés de mortier ou d'éclats. Enfin, dans certaines maisons anciennes, les pierres sont taillées pour être très ajustées et s'emboîter comme les pièces d'un puzzle.
Souvent, seuls les chaînages d'angle, les jambages des orifices ou les linteaux sont taillés avec soin, alors que le reste de la murs est constitué par un appareil irrégulier. Les matériaux étaient et sont encore prélevés dans de petites carrières et dans les zones de chaos granitiques où l'on exploite les boules de granite sain. Le débitage se fait à l'aide de coins de métal. Lorsque la roche est massive, il est facile d'y tailler des pièces de grande longueur pour réaliser des linteaux, des supports de balcons, etc. On retrouve souvent, dans les linteaux ou les jambages des ouvertures, la courbure de la boule débitée.
(...)
