Auteur : Jacques BAUDOIN
BABELIO AVIS DES LECTEURS
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L'histoire de la croix se révèle une spécificité très différente selon les régions. La Corrèze et spécialement le fief des Ventadour sont exemplaires à cet égard : l'abondance des mégalithes christianisés, le caractère primitif des croix des Monédières (Lestards, Pradines), l'ancienneté ou l'aspect insolite des stèles de Darnets ou de Peyrelevade, la sobriété des croix romanes de la Tourette ou de Cussac, l'exubérance des croix de Meymac et de Bassignac-le-Haut, sans oublier leur implantation dans des sites splendides, sont autant d'atouts qui font de ces monuments la source d'une intarissable curiosité. 174 croix répertoriées par ordre alphabétique des communes et introduction historique et technique.
EXTRAIT
Par sa situation frontalière avec la Guyenne anglaise, le Limousin méridional est surtout connu comme la terre d'élection des châteaux forts qui nous offrent des ruines grandioses à Turenne, Merle ou Ventadour. Malgré des altitudes contrastées (95 m, à Larches, 980 m au Mont Bessou), une entité géographique s'est constituée que l'on qualifie, tout à tour, de Bas-Limousin ou de Corrèze, selon l'importance que l'on accorde à la latitude ou au réseau hydrographique. De plus, l'originalité du Limousin méridional a été consacrée par l'usage du droit écrit, en opposition avec la Marche et le Haut-Limousin, voués au droit coutumier. Ainsi se trouve délimité un terroir relativement autonome, à l'abri des bouleversements de la vie moderne et qui a conservé, mieux que ses voisins, une profusion de croix anciennes. Le phénomène est particulièrement sensible dans la Montagne limousine, ce qui a permis d'avancer que la présentation de ce patrimoine serait due à l'enclavement tardif du Plateau de Millevaches. D'un autre point de vue, une étude spécifique des monuments des Monédières souligne le caractère secret et mystérieux des croix de la Corrèze. Chaque monument interroge le visiteur par son emplacement précis, sa destination, sa typologie ou son iconographie. Le chercheur, quelque peu initié aux croix les plus traditionnelles, se trouve immergé dans un univers insolite qui plonge ses racines au plus profond de notre histoire et ouvre de nouvelles perspectives à l'investigation. Un double problème se trouve ainsi posé par les croix de la Corrèze : celui de leur répartition et celui de leur grande ancienneté. Autant dire que leur étude est capitale pour comprendre les raisons de l'essor et du foisonnement des croix dans notre pays. Quelques entorses ont été faites aux limites administratives du département afin de tenir compte de la géographie et du particularisme des croix. C'est ainsi que la Xaintrie est partagée entre Corrèze et Cantal, alors que ses croix offrent une grande homogénéité qui ignore cette scission. La même anomalie se produit sur le plateau de Millevaches avec la commanderie de Féniers qui chevauche Corrèze et Creuse et dont la croix de Clairavaux, située en territoire creusois, est le modèle des rouelles limousines.