LE MAÎTRE DE CRAPONNE

Auteur : Jean TORRILHON

Titre primé par l'Académie Française en 1981

Chroniques d'une famille Vellave de la renaissance au grand siècle tirées de ses archives 

Véritable initiation à l'histoire du peuple de France au XVIe et XVIIe siècles. C'est la vie discrète d'une famille rurale du centre de la France, dévoilée grâce à un fond d'archives exceptionnel pour cette époque et cette classe sociale. Bien mieux qu'un roman historique, c'est l'histoire en direct dans l'Histoire réelle, car pas un personnage, pas un événement n'est imaginaire, et cette Histoire va droit au cœur  du lecteur : ce pourrait être celle de ses propres ascendants. Ce trésor d'archives, unique peut-être pour une quelconque famille rurale, est aussi mis à la disposition des historiens s'intéressant au peuple, à la vie quotidienne, à la société traditionnelle, grâce à un choix particulièrement soigné d'une masse considérable de lettres, notes, contrats et actes, tous antérieurs à 1700. Mais il est également mis à la portée de tous ceux qui se passionnent pour l'Histoire concrète et authentique, grâce à une écriture vivante qui intègre les citations réelles d'archives, avec la sonorité et l'ambiance d'époques englouties, dans un style classique et naturel où les touches d'humeur et d'humour apportent fraîcheur et vivacité à l'exposé rigoureux.

La presse en parle

Voici un livre discret mais ô combien attachant ! Publié en 1980, il est heureusement encore disponible. ll est dû à un érudit, aujourd'hui disparu, amateur de recherches généalogiques et historiques, qui a eu l'immense chance de retrouver, sur une branche de sa famille, une masse de documentation bien dispersée mais dense, comme on en retrouve assez rarement. Jean Torrilhon a ainsi pu retracer l'histoire socio-généalogique de la lignée des Torril­hon-Vacherolles, de 1269 à 1807 (profondément implantée au village de Paulanhac, à Craponne dans l'actuel département du Rhône), qu'il a observé au fil de sa lente ascension sociale, surtout au cours du XVIIe siècle .. 
Achats de terres, construction de grange, gestion des domaines, passage par le notariat, vie familiale et relations interfamiliales, établissement des enfants (au travers des contrats de mariages, avec étude des dots), liens avec le clergé, cadre de vie, vêtements, logements, médecine ... rien ne lui a échappé, le tout, bien sûr, étant vécu dans un monde tout imprégné de religion. 
De la place de l'église paroissiale, des rapports avec les représentants du gou­vernement (au temps des guerres de religion) et avec les seigneurs du lieu : tout est là, avec l'émotion en plus, à tout moment, comme dans cet extrait de corres­pondance qui en dit long sur la vie familiale et les mentalités d'antan. En effet, en 1669, un frère, établi à Toulouse, écrit à son aîné, resté au pays : « Monsieur le Vicomte de Polignac me dit qu'avez perdu quelqu'enfant; si cela est, je prie Dieu qu'il vous console et conserve les autres ; mandez-le moi, et le nombre qu'avez, et si ma filleule se porte bien». Bien que nous soyons dans une famille socialement et culturellement évoluée, cet homme ignore combien son frère a d'enfants, tout en sachant manifestement combien ce nombre est aléatoire et dé­pend de la volonté divine ... 
Un livre comme tout généalogiste rêve de pouvoir en écrire un un jour !

La Revue Française de Généalogie

EXTRAIT

A feuilleter une liasse de contrats d'Ancien Régime, on imaginerait une rigoureuse ségrégation de la femme. Tous exigeaient la présence de deux à sept témoins, parmi ces témoins, jamais une femme. Cependant la femme non mariée (persona libera, disait-on) gérait sa fortune, la femme mariée, ses biens dotaux. De plus celle-ci gardait son nom de jeune fille à l'état-civil. Et dans la région entre Craponne et Ambert, autour de 1500, on vit souvent les enfants prendre le nom de leur mère et non pas de leur père, ce que les hardies féministes n'ont encore osé revendiquer. La série des testaments Torrilhon donne une idée plus juste de la place que tenait dans ces familles rurales l'épouse et mère. En 1498, Pierre désigne pour son héritier, au singulier (heredem meam universam), ses deux fils et leur descendance : dilectos et carissimos filios meos Johannem et Benedictum Torrollioni, et suos liberos ac liberos liberorum suorum. Ils seront donc co-propriétaires, ou « papier », du domaine de Paulanhac, clause qui était alors fréquente. Mais ils ne seront pas maîtres à bord, bien qu'ils aient passé la quarantaine, car Pierre poursuit ainsi : Je veux, commande et ordonne (volo, jubeo et ordino) que Jeanne Girard mon épouse, tant qu'elle sera en vie (quantum vitam ducet in humanis) et qu'elle voudra bien habiter dans ma maison avec mes héritiers (et residentiam suam continuam facere voluerit in domo mea, cum heredis meis), garde la souveraineté, direction et gestion de mes biens (sit et remaneat domina, gubernatrix et administratrix), sans aucune opposition (absque aliquali contradictione).

• Auteur : Jean Torrilhon
• Format 13 x 20 cm, épaisseur 28 mm
• 282 pages
• Imprimé sur un très beau papier Vergé de France en deux couleurs
• Comporte des vignettes et culs de lampes réalisés par Tony Torrilhon
• Ouvrage primé par l'Académie française : Prix Drouyn de Lhuys - 1981

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