Auteur : Roger Grimal
Professeure dans un lycée parisien, Marie, descendante d’Auvergnats de Paris, découvre en rangeant le logement de ses parents décédés que son grand-père, si apprécié, était un ancien bagnard !
Choquée, déboussolée, elle va occuper toutes ses vacances à reconstituer le parcours insolite de ce grand-père adoré, un si gentil papy, rescapé de la Grande Guerre et du bagne.
Elle reconstitue tout : son enfance au pays, sa montée à Paris à 16 ans, sa participation dès 19 ans à la guerre de 14/18, avec son cortège d’horreurs, la captivité en Allemagne, le drame qui lui vaudra une condamnation à cinq ans de bagne.
Nous le suivrons au camp de la transportation de Saint-Laurent-du-Maroni où règne l’arbitraire le plus absolu. Les cinq années effectuées, il est libéré du camp mais assigné à résidence en Guyane cinq années supplémentaires. La double peine ! En perspective, une descente aux enfers pire que le bagne. Il faut s’évader. Comment réussira-t-il, comment plusieurs mois après, revenu en France, va-t-il échapper aux contrôles de police qui le renverraient en Guyane ?
Un récit haletant qui reconstitue le destin tragique réel d’un jeune né au mauvais moment et qui se trouva au mauvais endroit une fois sorti du cauchemar de la guerre.
EXTRAIT
Nous sommes déjà le 15 avril 2014. Ce sont les vacances de Pâques, les bienvenues ! Depuis un mois, Marie, ma maman, a rejoint papa au Père-Lachaise et je dois débarrasser leur logement, avenue de l’Opéra à Paris. Pas le courage, pourtant je devrai m’y atteler. Avec mon frère René nous le vendons. René travaille beaucoup et il m’a dit « avec les vacances, toi la prof tu as le temps ! » Le temps oui, mais pas le courage. Je dois vider les armoires, fouiller l’intimité de mes parents, jeter des choses inutiles auxquelles ma mère tenait tant !
Depuis vingt ans, après mon mariage avec Philippe, j’ai déserté l’appartement familial. Marion ma fille est vite arrivée, deux ans après ce fut Sébastien. Avec les enfants, le travail (je suis professeure de français au Lycée Turgot à Paris), me voilà arrivée à 43 ans sans même m’en apercevoir. Un peu oubliée l’avenue de l’Opéra où s’est déroulée mon enfance. Mes parents bijoutiers, le magasin en dessous de l’appartement. Dans ma chambre, un bureau où je rédigeais mes devoirs lors de mes études secondaires qu’ils pouvaient financer. « C’est grâce à Célestin, le grand-père qui nous a installés », disait ma mère. Et d’ajouter : « lui avant d’arriver il n’a pas eu une vie facile. Mais à force de courage, de travail, d’économies, il acquit un bar-tabac qui marchait bien ». Et de citer sans cesse ce grand-père mythique.
