Auteur : Céline MOURTE CORAZZA
Illustration de couverture : Stephen CORNU
VERSION NUMERIQUE DISPONIBLE
Sylclef est de retour auprès des siens à Fractôl, mais son existence est désormais connue du maître des Terres Gelées, le Magicien Larchs. Conscient qu’elle représente un obstacle potentiel à sa soif de conquête, il lève ses troupes d’orques contre les Contrées-Unies, tandis que ses apprentis et espions s’insinuent au sein des Pays Centraux.
Les pierres érigées par les anciens à la frontière nord seraient-elle la solution pour résister à ces attaques ?
Les secrets pour les réactiver se trouvent-ils dans la bibliothèque blanche dont lui a parlé Nosaro ?
Pour le savoir Sylclef devra repartir en quête. Osera-t-elle mener ses recherches jusqu’à Dapoly auprès d’Efol ?
Et quels rôles auront à jouer les dragons contre un magicien noir capable de les asservir d’un claquement de doigt ?
EXTRAIT
1
DORB
En arrivant à Feedback, Chromak était comme fiévreux. L’énervement et la frustration le faisaient trembler et envenimaient à chaque minute un peu plus la rage qu’il éprouvait à l’encontre de la petite magicienne. Comment cette garce, ce vermisseau de femme, avait pu lui passer ainsi entre les doigts ? Il jeta un coup d’œil sur les hommes vêtus de vert qui le suivaient. À ses yeux, la couardise dont ces hommes avaient fait preuve, dix mois auparavant, était la principale raison de son échec. Pour se calmer, le magicien des orages se jura de torturer chacun d’entre eux dans les jours à venir.
– Je leur arracherai chaque parcelle de peau en pensant à toi, jolie Sylclef ! siffla-t-il entre ses dents. Il s’imagina alors qu’il la tenait entre ses mains. Les obscénités et les supplices qu’il envisageait de lui faire subir le jour où il la retrouverait, le firent sourire de délice pendant un instant.
– Je te briserai magicienne de la nature et je tuerai ton dragon sous tes yeux !
À la colère du jeune magicien blond s’ajoutait l’éloignement prolongé que son maître lui avait imposé. Chromak poussa un soupir de dégoût, il n’avait nullement eu besoin de dix mois pour étudier avec précision les défenses de ces ploucs de Maëvylia. Il savait que si l’armée du Nord venait à attaquer la petite cité maritime, elle ne tiendrait pas plusieurs semaines. L’animosité et la rancœur qu’il ressentait de cette mise à l’écart n’étaient pas une bonne chose. Il devait se calmer avant de se présenter devant son maître. Ses pensées le menèrent jusqu’aux portes de la grande cité.
En passant sous l’arche des immenses portes en ébène aux gravures dorées, il serra un peu plus ses rênes et les dents. Il allait devoir annoncer son revers au Seigneur Larchs et il était certain que ce dernier ne serait pas tendre avec lui.
Devant les écuries, en mettant pied à terre, Chromak ordonna à une troupe d’orques de mettre les hommes qui l’accompagnaient aux fers. Ces derniers hurlèrent de terreur et implorèrent la pitié de leur seigneur mais leurs suppliques ne provoquèrent pas la miséricorde du magicien. En une fraction de seconde, la douzaine d’hommes fut littéralement soulevée de terre ou traînée par les bras puissants des grandes créatures à la peau verte.
Chromak ne jeta pas même un regard vers ses soldats mais leurs cris de détresse le calmèrent et il sourit. La seconde chose qui l’apaisa en gravissant les escaliers de marbre blanc du palais fut l’image de son ami et amant, Soltis. Au moins, espérait-il pouvoir oublier ces événements dans les bras à la peau dorée et dans les yeux orangés du second apprenti du maître.
Chromak soupira et recommença à serrer les dents lorsqu’il traversa le hall long d’une centaine de mètres. Il ne faisait même plus attention au fait qu’il marchait sur le marbre le plus pur et que les mosaïques fines qu’il foulait avaient demandé des années de travail. Il jeta néanmoins un regard sur les statues de six mètres de haut, réparties à intervalles réguliers et qui jalonnaient le parcours. Machinalement, il fronça les sourcils et passa une main dans ses cheveux mi-longs et ramena une mèche blonde bouclée derrière son oreille gauche. Le goût de la démesure de son maître n’était pas pour lui déplaire, cependant cela manquait cruellement de braseros, la température du palais lui était trop froide.
Après avoir parcouru les nombreuses allées dont regorgeait le palais, il arriva dans l’antichambre de son seigneur et maître. Il jeta un regard par les grandes ouvertures qui permettaient d’accéder aux sept jardins du seigneur des Terres du Nord. Cette végétation était un des exemples de la puissance du magicien noir, capable d’entretenir des arbres et des fleurs au sein des glaces.
– Et bien, tu arrives les mains vides, Chromak ?… Ne me dis pas qu’elle t’a donné du fil à retordre ! lança une voix pleine de fiel dans son dos.
Instantanément, le grand blond pivota sur lui-même, il avait reconnu la voix de son principal concurrent, le troisième apprenti, Tribal.
