BABELIO AVIS DES LECTEURS
Auteur Philippe ROUCARIE
Lorsqu'il refermera ce livre, le lecteur aura été surpris par la charge d'émotion qu'il y aura rencontrée. Il n'est personne qui ne voudrait être François et avoir connu ne serait-ce que l'ombre du commencement de son extraordinaire aventure. Parti du fond de son village il ne pouvait compter ni sur l'aide de la naissance ni sur celle de la fortune. Seule la passion devait magnifier sa vie et l'amener à faire preuve d'incroyables qualités de volonté, de ténacité et de résistance. Tout au long des pages, l'auteur nous guidera, nous invitera à mesurer cette force intérieure qui poussera le héros de ce livre à la rencontre d'obstacles inconnus, de cette immensité vide à l'intérieur de laquelle il fera étalage d'une lucidité permanente et d'un courage hors du commun pour ne pas s'y perdre.
Cet ouvrage existe en grands caractères chez l'Écriteau Éditions -
Extrait
La journée a été interminable. J'ai eu envie de tricher. Je suis allé là-haut, à la chapelle. Elle était dans le Coudert, assise sur la même pierre. Je suis passé, repassé, me suis appuyé au mur d'enceinte. Elle ne m'a pas vu ou peut-être n'a-t-elle pas voulu me voir. Et j'ai appréhendé d'avoir rompu le charme. Elle m'attendait, la nuit tombée. L'ambiance était la même, le feu faisait semblant de brûler, les chèvres s'endormaient. Je n'arrivais pas à savoir si elle me voyait. J'ai tenté une approche tout en sachant que ce n'était ni le moment ni l'heure : « Comment s 'est passé ton mariage ?
- !...
- Tu as eu des enfants ? »
Elle a accepté de me répondre : « Non !...
- Et aujourd'hui, ton mari ?
- Il est mort depuis longtemps !...
- Alors, tu veux me dire qui était François ?... »
Je me suis rendu compte que je me trompais, que c'était son heure qu'il importait d'attendre, pas la mienne. elle avait ce qu'il lui restait de vie pour me raconter une existence. Les mots, la peine, les sentiments n'en traduiraient jamais qu'une petite, une toute petite ombre. Et cette ombre se noierait dans une mer d'émotions... Et soudain elle s'est mise à parler. Cela devait durer trois nuits tout au long desquelles je me demande aujourd'hui si je n'ai pas rêvé. J'ai vite compris que ce ne serait plus elle qui parlerait, que ce serait François revenu là, avec nous. Elle n'avait inconsciemment pas voulu répéter le récit d'un récit, cette caricature de l'original. Je savais maintenant que je n'aurais rien à ajouter avant la fin, témoin silencieux d'un drame qui s'était joué, auditeur bouleversé juste au moment où le rideau va tomber. Mais j'avais un rôle essentiel : écouter, retenir, tendre le bras pour reprendre le témoin et aujourd'hui, le transmettre.