LES BIJOUTIERS DU ROC DES PERLES

Éditions CRÉER

Un drame de la montagne découvert par des petits qui poursuivent leur quête d'enfance.

1C-CRF004
4C-CRF004

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Description

Auteur : Pierre CROS

VERSIONS NUMÉRIQUE DISPONIBLES

Qui sont donc ces bijoutiers du Roc des Perles ? des explorateurs d'un monde inconnu, des aventuriers d'un pays neuf, des chercheurs d'or d'une vieille province retrouvée ? Dans une nature puissante et somptueuse, protégée par ses mystères et peuplée de génies, ils y poursuivent leur quête d'enfance, tandis que le monde ordinaire des adultes déroule ses platitudes, ses mesquineries, ses drames aussi.

 

Extrait

Chut!… et Maria, l’aïeule, d’un souffle bref, rappelait, avec autorité, que l’enfant dormait. Louis, son mari, revenait de la traite du matin. Les sabots cloutés avaient claqué sur la marche de pierre bordant la porte de la ferme, suivait un bruit de râpe sur le plancher noueux de l’unique pièce qui servait de cuisine et de  chambre à coucher. 
L’anse du seau où moussait encore le lait tintait en retombant sur le métal étamé. Chut !… soufflait l’aïeule, à la façon d’une remontrance, au maître de maison qui s’en retournait à  l’étable. 
Le grand jour perçait dans l’entrebâillement des volets, aux carreaux de la souillarde, faisant luire le disque cuivré de l’horloge à balancier, laissant deviner trois lits et leurs dessus de coton blanc  maillé au crochet. 
Près de l’âtre un lit disparaissait derrière un rempart fait d’un édredon et de deux oreillers que l’aïeule disposait chaque matin sur le côté pour protéger le sommeil de l’enfant que j’étais avec lequel elle partageait la nuit.
La porte ouverte laissait entrer la fraîcheur de l’aube. Je me pelotonnais sous le drap de grosse toile et la couverture molletonnée. Yeux mi-clos j’inspectais le mur et son quadrillage de papier peint dévidant de savantes arabesques qui ornaient de leurs traits d’un bleu passé l’agencement des damiers. 
Un trou où l’on aurait pu fourrer une noisette avait été foré, du bout de l’ongle, au coeur des entrelacs,  sur la paroi plâtrée. Et, quand après un long sommeil, assoupi, j’attendais que le chignon gris de grand – mère, posé comme un tortillon sur l’occiput, émergeant par dessus la barrière des oreillers, m’ait signifié  qu’il était temps de sortir du lit, je me distrayais en comptant les rosaces qui parsemaient la géométrie austère du décor de papier, suivant du doigt le cheminement des arabesques, dévidant le fil des traits  d’un labyrinthe imaginaire, avec la furieuse envie de tarauder, un peu plus cette cavité. 
Ce forage répréhensible était, d’après tante Franceline, l’oeuvre du cousin Louis, mon prédécesseur a Labro, le domaine dont nos grands parents étaient les gardiens, une humble maison de ferme où ils occupaient la cuisine, l’unique pièce à vivre, dormir et mourir et le grenier que la porte du haut de l’escalier séparait en deux parties avec des lits, cinq lits au moins, aux édredons ventrus de satinette  pourpre. 
Pianotant du bec sur le plancher, c’était l’entrée, une à une, des poules et des poulettes s’aventurant à picoter les miettes et les paillettes de son séchées maculant la bassine à nourrir les canards. J’attendais le moment, qui ne tardait jamais, où, d’un grand geste du bras frappant son jupon et d’un souffle réprobateur, l’aïeule, agacée, chassait les volatiles qui s’ébrouaient devant la porte avec des  gloussements indignés. Impudente et obstinée, la poule noire, au cou pelé et violacé, s’était,  évidemment, comme chaque matin, faufilée, d’autorité, sous la table, la patte levée en signe d’hésitation prudente, car elle savait que sous le tiroir où l’on coupait les tranches de pain bis les miettes étaient les plus abondantes. Cette poule était la plus culottée de la basse cour. Je la connaissais bien la garce que  grand – mère invectivait car elle était batailleuse, chiche de ses oeufs, mauvaise couveuse et régulièrement promise à la casserole. Elle avait, aussi, osé et réussi, après un de ces coups de bec à  couper un doigt, à faire tomber ma tartine beurrée alors que j’étais assis sur le pas de la porte  l’accommodant de sa familiarité au point que j’aurais pu lui arracher une plume. La tête disparaissant derrière le gros morceau de pain, cou allongé comme si elle chargeait ses soeurs ennemies, elle s’était enfuie à son pas de course dégingandé, ridicule, qui la faisait tortiller du croupion. Je ne lui avais pas pardonné cet affront. Aussi je n’avais de cesse, lorsque je la rencontrais, de la poursuivre jusqu’à ce  qu’elle battît des ailes et décollât son gros cul dans un vol lourdaud qui l’envoyait, dans un grand frou-frou de plumes, sous le mur de la cour, parmi les orties de l’herbe grasse.

Caractéristiques

  • Auteur Pierre CROS
  • Format 11,5 X 20 cm, épaisseur 25 mm
  • Édition originale de mai 1992
  • 304 pages
  • Couverture avec jaquette

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