LES BURONS PERDUS

Éditions CRÉER

Les puys et les Plombs, dressés vers le ciel, sont un royaume hors du monde. Du haut de leurs croupes géantes, l'œil embrasse l'immensité verte des pacages dans leur état éternellement vierge et primitif.

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Description

BABELIO AVIS DES LECTEURS

Auteur : Gustave Burnol
Illustrateur : Alain Delteil

Les puys et les Plombs, dressés vers le ciel, sont un royaume hors du monde. Du haut de leurs croupes géantes, l'œil embrasse l'immensité verte des pacages dans leur état éternellement vierge et primitif. Il n'y a rien sur ces vastes étendues qui soit la marque de l'effort de l'homme. L'œuvre de ses mains se réduit à ces quelques constructions de pierre brute, sans art et sans symétrie, écrasées, perdues dans l'énorme paysage, ou à un linéament de clôture, ronce, murette, pareil à un mince fil qui monte droit vers les crêtes nuageuses. C'est bien là que la nature apparaît dans son inviolabilité et sa souveraine grandeur. Le buronnier, hôte de passage de ces lieux étrangement isolés et sauvages, éprouve le sentiment et le poids de la solitude, à peu près comme Robinson Crusoë dans son île. Pas plus qu'il ne pense à contempler le paysage pour son plaisir, dans la solitude, l'homme de la montage ne se laisse guère entraîner à la rêverie.

Préface de François Mary
C'est avec beaucoup d'empathie que Gustave Burnol se penche sur la "vie précaire" des "êtres élémentaires accordés à ces lieux perdus", les hautes terres où les burons ont été construits. Accordés au ciel toujours changeant, accordés aux arbres, aux herbes, aux rochers, accordés au son familier des clarines, les buronniers se trouvent pris dans le courant de grandes forces telluriques. Gustave Burnol célèbre ici les travaux et les jours de ces hommes - souvent frustres. Solitude. Solitude de ces vies entre ciel et terre, sur ces plateaux où "l'air est un cristal", où l'on avance "toujours plus loin, toujours plus haut" en contraste avec "le pays d'en bas" où la vie moins rude est dépourvue de vraie grandeur. Il faut dire que, dans ces pages, rien n'est éludé de l'ennui qui - parfois - "mine" le troupeau ou le pâtre, rien n'est éludé de  l'âpreté du labeur des buronniers, des accidents pouvant - à tout instant - survenir. Ces pages ont la saveur âpre du fromage, la saveur du cantal, elles restent comme imprégnées de la fragrance des fleurs sauvages qui frémissent encore dans l'air. Avec un sens très vif du portrait, Gustave Burnol écrit la vie humble des buronniers : leurs rêves, leurs joies et leurs souffrances. Gestes ou paroles suffisent pour évoquer leurs liens indéfectibles avec le troupeau de vaches Salers.

Les illustrations d'Alain Delteil (faites au crayon avec du lavis à  l'encre sépia) viennent serrer de près le texte de Gustave Burnol. Art exigeant, où resurgit le lente imprégnation de l'âme des lieux dont le dessinateur a une juste connaissance. Style personnel où le  dépouillement (on pourrait dire aussi l'austérité) répond à la sobre  beauté du présent récit.  Comme afin d'avoir une approche plus sensible de la vie de ceux dont il convient de déchiffrer - avec ferveur - les traces.

La Montée d'En-Chavaroche

Les cinquante "Salers" s'égrènent dans le sentier en pente raide, taillée dans la roche vive. Des vaches au poil rêche, aux flancs maigres, à l'échine saillante. Leurs cornes luisent comme des crocs. Leurs sonnailles tintent. Quelques-unes lèvent leur mufle et brament longuement. Mais presque toutes, fatiguées par une marche de près de douze heures, la tête basse, semblent renifler le sol. Les veaux se bousculent ou bien se piètent sous les coups de trique qui pleuvent sur leur dos.
On est déjà loin du dernier village. Plus que ce raide escalier devant soi, contournant la masse des roches grises, pour être dans le bleu du ciel. Il n'y a de vivant dans cette solitude que ces bêtes harassées et ces trois hommes les poussant de toute leur volonté, toujours plus loin, toujours plus haut. Eux ils vont, tirés en avant, malgré la fatigue amassée entre les épaules mieux que dans les jambes. Ils ne sentent plus s'ils marchent, sur ce vieux sol de volcan, au milieu des cailloux, dans les ornières et les trous d'eau aux endroits spongieux empanachés de touffes de joncs, ou bossués de racines. Des êtres élémentaires accordés à ces lieux perdus, farouches, le sang fouetté par un air vif, saturé d'émanations d'herbe et de fleurs sauvages. Ils ne se retournent jamais. Ils n'ont point d'adieu pour les clairs villages laissés en arrière, décroissant, se perdant à des centaines de pieds dans le fond des vallées. Sur ces sentiers silencieux et morts ils n'ont plus de dessein humain perceptible sinon celui d'arriver pour la traite avant la nuit. Et ils seront arrivés quand le sentier finira brusquement dans l'herbe fine, devant le masut aux quatre murs bruts, émergeant à demi du sol ainsi qu'une caverne des vieux âges.
La pente gravie, le troupeau se regroupe tout entier sur un "serre" aplani qui s'élargit peu à peu jusqu'à des confins boisés. Là, on est sur les avancées du vrai domaine, celui du vent libre et de l'herbe verte. Du coup, hommes et bêtes se sentent chez eux. Ils font partie maintenant de cet ensemble, au même titre que la Roche Parlante dressant sa dent aiguë au-dessus des sapins du Blaux ou que le Château-Vieux, effondré sous les entassements de rocs. Ils deviennent semblables aux premiers hommes de la planète, résumant une espèce humaine lancée en pleine nature. Cela se fait tout seul, avec la complicité peut-être de cette onde limpide venue des quatre coins du paysage, qui lave et baigne les choses ainsi qu'aux premiers jours de la naissance du monde. Mais, plus exigeante encore, la montagne les veut pour elle seule, sans attaches ni compromissions. Ils ne sont point faits pour ces burons à mi-pente, trop mêlés au tumulte des hommes et des terres cultivées. Ils appartiennent aux derniers gradins qui touchent le ciel, à En-Chavaroche.
Pourtant  cette ascension  semble ne plus devoir finir. Après la Cabane Vitrée, frissonnante dans ses marécages, le sentier monte d'un jet jusqu'à une haute muraille de basalte qu'un ruisseau cascadeur coupe à vif. Il faut contourner la roche, s'engager sous l'épais crin des bois de hêtres millénaires. Le chemin se rétrécit, semble s'user, puis s'efface tout à fait sous l'ombre des arbres. Le pâtre module à pleins poumons son cri sauvage et marche devant, suivi par les bêtes qui montent déjà depuis plusieurs saisons. Le vacher et le boutillier ferment la marche, ralliant les veaux dispersés qui menacent de s'égarer. La pente au sortir du bois devient plus raide encore, filant droit vers les cimes. Les vaches s'égaillent entre les roches, boivent aux sources, s'arrêtent pour brouter l'herbe et n'obéissent plus que difficilement aux hommes. Enfin, après bien des jurons, des meuglements et des haltes, un dernier coup de reins porte le troupeau tout entier à la limite des grands pacages d'En-Chavaroche. La fumade verte s'avance jusqu'au ras d'un à-pic surplombant les sapins du Blaux. Le fermier a déjà dressé le parc à contre pente. Le masut fume. La vie d'en-haut commence.

Caractéristiques

  • Textes Gustave BURNOL
  • Illustrations Alain DELTEIL
  • Photos Pierre SOISSONS
  • Format : 18 x 23,5 cm, épaisseur 8 mm
  • 112 pages
  • Couverture avec deux rabats

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