CHAMBRE DE VERDURE

Éditions CRÉER

Un récit original dont on ne sait ce qu'il faut le plus admirer de l'imagination des auteurs, de leur style qui fait appel, quand il le faut et sans excès, au vocabulaire d'un XVIIIe siècle naissant, de la construction double, la narration alternant avec le Journal de Bérénice. Le mieux est d'admirer l'ensemble pour un fort moment de littérature. » Le Monde

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Description

Auteur : Allen-François LEDERLIN et Véronique RIFFAULT

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BABELIO AVIS DES LECTEURS

Ce roman se déroule à la toute fin du XVIIème siècle et conte l'histoire d'une jeune femme qui, pour densifier ses jours, choisit de quêter quelque épanouissement dans la création. Pour y parvenir, elle va faire œuvre de chair (avoir une descendance), œuvre d'esprit (écrire) et œuvre de pierre : participer à la conception du jardin de Cordès, attribué à André Le Nôtre. Les épreuves qu'elle rencontrera pour inventer son Éden perdu chahuteront sa solitude et lui révèleront quelques perles d'existence : la musique qui sculpte les silences, la confiance amoureuse, l'attachement à des racines et le chemin des mots pour mieux habiter le monde.

 

Présentation De Denis Tillinac

Le livre côté cour

Les romans historiques sont des jardins où le lecteur arpente des paysages en découvrant des plans successifs. Ainsi, chambre de verdure nous parachute dans le Grand Siècle. Les familiers de Madame de La Fayette ou de la Marquise de Sévigné ne seront pas tout à fait dépaysés dans le coin enchanté d'Auvergne qui fournit les extérieurs de cette charmante histoire. Elle est servie par un style alerte et vivant, qui use astucieusement de l'imparfait. Cette écriture à deux plumes est aussi savoureuse qu'originale.

Dans la lignée des romans réalistes et sentimentaux, et avec un sens inné de la poésie, Véronique Riffault et Allen-François Lederlin évoquent les paradis de l'enfance, les mystères mélodieux de la viole de gambe. Pudeur des confidences chuchotées sur le papier. Ce roman se rapproche souvent de l'épistolaire et du journal, pour mieux nous introduire dans l'intimité des psychologies, le secret des sentiments. Témoins privilégiés des états d'âme de Bérénice, les lecteurs deviennent donc peu à peu ses confidents. C'est une jeune marquise qui, à l'âge de 33 ans, décide de convoler en justes noces avec Yves-Louis de Tourzel, marquis d'Allègre et futur maréchal de France. Au fil de l'intrigue, on découvre comment cette héroïne décide de justifier son existence en créant le jardin de Cordès dans le domaine familial de son époux. Ce jardin devient un personnage à part entière : car « l'homme ne peut vivre sans cultiver des fleurs, et à son image, façonner une parcelle du vaste monde. Sa terre promise ». La genèse de cet éden miniaturisé coïncide avec une évolution historique dans l'art végétal : tandis que le siècle se déroule vers le pittoresque des jardins à l'anglaise, le jardin de Bérénice, témoin du « goût partagé » mais façonné à la française, à la manière de Le Nôtre ressuscite la querelle des Anciens et des Modernes, parmis les fleurs, dans le décor d'une campagne de l'Auvergne.
Ce terroir, la « vieille maîtresse » de son mari, Bérénice l'appréhende, ça ressemble si peu aux mondanités versaillaises. Pourtant elle finit par l'accepter et même par l'aimer, jusqu'à se vouer à une véritable quête esthétique : les paysages, les parfums, les couleurs de cette région sont comme un kaléidoscope de la doulce France.
Chambre de verdure répond parfaitement à la définition du genre romanesque selon Pierre-Daniel Huet dans sa lettre-traité sur l'origine des romans (1669) - « Ce que l'on appelle proprement romans sont des histoires feintes d'aventures amoureuses, écrites en prose, avec art, pour le plaisir et l'instruction des lecteurs. » Car il y a une intrigue amoureuse, dont le protagoniste, Nicolas Beauregard, est précisément le créateur du jardin. Heureuse Bérénice.

EXTRAIT

« Mais Nicolas, quel que soit son talent, le goût de Le Nôtre n'est pas le mien! Tout est carré ou rectangulaire sur vos plans. Pas la moindre fantaisie ! Je n'ignore pas que votre art obéit à des règles précises, qui en font la renommée jusqu'en dehors de nos frontières, mais votre jardin ressemble-t-il à l'esprit féminin ? Exprime-t-il l'amour comme je vous l'ai demandé ? » 
Pourquoi et comment un jardin pourrait-il exprimer pareil sentiment ? Se moquait-elle ? Troublé, l'homme de l'art décida de rester sur un terrain « technique », comme disait la Marquise, dès que la conversation prenait un tour par trop savant. 
« - Sachez, Madame, que dans le royaume, il n'existe pas de jardins possédant les formes, (il hésita) que vous souhaitez. L'esprit de géométrie régit notre architecture, tout autant que la symétrie. C'est à elle que nous devons l'harmonie, cet élément essentiel à la beauté. Tout comme le corps humain auquel vous vous référez, reconnaissez-le.
- Je vous l'accorde. J'observe cependant que la façade du château de Cordès n'ayant aucune symétrie, elle ne saurait en commander une au jardin dans laquelle elle doit se mirer. » 
Ah ! L'habile argument ! Par cette réplique, Nicolas comprit que toutes les réponses qu'il pourrait opposer à cet esprit brillant seraient laborieuses. Il résolut néanmoins de ne pas se laisser démonter et continua sa leçon de composition : 
« - Considérant le regard droit du promeneur, la conception de l'espace s'ébauche à partir d'axes visuels. Pour rythmer ces axes, le principe des plans successifs gouverne l'art du jardinier. Et pour les embrasser d'un regard dans leur mise en perspective, il trouve là un empire. 
- Le terme « embrasser » me conviendrait assez, Nicolas. Quelle abstraction de le cantonner aux terrasses ou aux parterres, ne trouvez-vous pas ? Et si peu féminin ! », moqua, mutine, Bérénice que le ton trop sérieux du jeune homme ennuyait.  « Votre leçon de composition est peut-être orthodoxe, poursuivit-elle, mais je ne vois pas quelle succession de plans vous pourrez développer sur une distance aussi faible que celle qui sépare le château de l'allée. Nous ne sommes ni à Chantilly ni à Versailles. 
- Cela va de soi, Madame. J'entendais juste vous expliquer que, dans notre métier, nous privilégions les droites sur les courbes. J'ajoute que nous utilisons un cordeau pour planter : cet instrument incite à la rectitude. 
- Voilà d'excellentes raisons, Nicolas, mais elles appartiennent à un esprit dogmatique qui s'en tient à ce qu'on lui a appris, pardonnez-moi de vous le dire. Échappez aux règles, élevez-vous au-dessus de vous-même ! Ce n'est pas en astiquant des traditions que l'on sort des sentiers battus ! Madame de Sévigné, récemment rencontrée dans un dîner, me disait que les parcs anglais s'organisent d'une toute autre façon. On y voit peu de formes rigides. Outre-Manche, tout l'art consiste à ce que les effets les plus précieux et les plus soigneusement composés semblent nés du hasard. Si je vous parlais d'amour tout à l'heure, ce n'était point pour vous embarrasser : les hommes imaginent des jardins pour se souvenir du paradis qu'ils ont perdu. Ils en imputent la faute à Ève. Soit. Est-ce pour cela que, comme vous présentement, ils ne l'écoutent point lorsqu'ils uvrent à son service ? 
- Mais, Madame... Qu'en pense Monsieur le Marquis ? Est-il acquis à vos idées ? 
- Le Marquis est parti pour plusieurs jours. Ne doutez pas qu'autrement il aurait été le premier à vouloir découvrir vos esquisses. Mais laissez-moi continuer. Pensez-vous qu'Éden ressemble aux créations de Monsieur Le Nôtre ? Que nenni ! À mon avis, ce rêve originel concentrait toutes les merveilles de la nature. Où voyez-vous alignements et symétrie dans celle-ci ? » (...) « Les jardins que votre maître a dessinés pour le Roy servent à magnifier son seul pouvoir. La grandeur de l'agencement ne symbolise rien d'autre que l'emprise d'un homme sur ses semblables. Pour Cordès, je souhaite une toute autre harmonie ! 
- Ce sont là paroles que j'ai peine à entendre ! Quel pur chef-d'œuvre que Versailles ! Le monde entier nous l'envie ! » répliqua-t-il, piqué au vif.
- Ai-je dit le contraire, Nicolas ? Dans ces jardins, deux mondes coexistent. L'imposante perspective des parterres et du canal exprime les passions régissant l'univers des hommes. J'entends par là le pouvoir, l'assujettissement, la hiérarchie, l'obéissance, le labeur, le gaspillage, le contrôle, l'ambition, la vanité et tant d'autres choses. Les parterres, terrasses et bassins entourant le Roy en son château ne servent qu'à le séparer d'une forêt : celle de ses sujets. Ces éléments marquent la distance du pouvoir. Rien d'innocent à leurs savants dessins : ils reproduisent l'étiquette de la Cour.
« - Vos conceptions me paraissent bien étranges ? » glissa le jeune architecte feignant de suivre une conversation qui le passionnait de moins en moins. La Marquise déstabilisait son appréhension de la société et, par la liberté de ses propos, se rendait plus insaisissable encore. Comment justement la retenir ?
- Je m'en alarme moi-même, Nicolas. Mais, je n'ai pas terminé mon explication ! À côté de cet ordre, coexiste le monde caché des bosquets. Je pense à ceux d'Encelade, du Théâtre d'eau, des Trois Fontaines ou encore de la Salle de bal. Ces chambres de verdure, closes comme un boudoir, secrètes comme un billet doux, multiples comme des visages d'enfants, parlent de l'univers féminin. C'est l'intimité d'un baiser volé ? »  « Je lui en volerais bien deux » eut-il juste le temps de spéculer.
« C'est la simplicité d'un repas familial ou le raffinement de fragrances épanouies que je veux évoquer à Cordès. Vous me les dessinerez, n'est-ce pas ? »

Caractéristiques

  • Auteurs Véronique RIFFAULT et Allen-François LEDERLIN
  • Format : 12 X 20 cm, épaisseur 2 cm
  • 215 pages
  • Présentation par Denis TILLINAC
  • Broché cousu, couverture souple avec deux rabats
  • Deuxième édition
  • Imprimé sur papier bouffant légèrement ivoire
  • Poids : 294 gr
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5/5
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Pauline d\'Avancourt.

5/5

Roman charmant au style enlevé. Beau portrait du Grand Siècle.

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