Despignac, le chevalier de la Toile

Éditions CRÉER

La Toile, bien sûr, c'est le Net, champ immense aux frontières inconnues. Alors, quand une prof de collège s'y jette à cœur perdu, bien sûr, elle n'en prévoit pas toutes les conséquences.

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Description

Auteur : Martine MAURY

BABELIO AVIS DES LECTEURS 

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La Toile, bien sûr, c'est le Net, champ immense aux frontières inconnues. Alors, quand une prof de collège s'y jette à cœur perdu, bien sûr, elle n'en prévoit pas toutes les conséquences. Surtout si un jeune collègue fringant et malicieux s'amuse à détourner la routine du collège. Elle se figure, l'inconsciente, qu'elle pourra impunément combattre un quotidien parfois morose par un délire littéraire à deux. Mais que faire quand votre double, amoureux, vous échappe ? Quand le beau cavalier sort de l'écran bleu pour déstructurer la vraie vie ou vous aspirer à l'intérieur ? Un roman jubilatoire, où deux mondes se percutent, où deux styles brodent un récit double, ingénieux et plein de surprises. L'un déroule au fil de l'année scolaire les actes habituels d'un collège de campagne, avec un regard tendre sur les élèves les plus démunis. L'autre s'en fait l'écho sous la forme d'un pastiche de roman de cape et d'épée débridé. Un jeu réjouissant qui tient en haleine le lecteur jusqu'à la fin ? de l'année scolaire ! C'est son vécu de professeur que Martine Maury vient conter là, dans cette histoire légère et optimiste, qui montre son goût pour l'enseignement auprès des adolescents, dans un moment critique de leur scolarité : au collège, toutes les classes de la société sont mêlées et il est bien ardu de donner à chacun les mêmes chances devant l'avenir. Tâche épuisante et trop souvent désespérante qui passionne toujours autant cette prof de lettres classiques pourtant. A condition d'écrire en parallèle des romans historiques !

EXTRAIT

Septembre

Les voilà donc, mes chers collègues ! Pas encore tout à fait dépouillés de leur bel été, pas encore sortis de cette chrysalide du vacancier, d’où se déploiera le laboureur de cerveaux. Hélas ! Bientôt ce teint bronzé s’affadira, confiné dans les salles de classe. Ces yeux, bordés de khôl derrière les lunettes de soleil, se cerneront sous la lampe aride des copies à corriger... Tragique destin du prof au seuil de la rentrée ! Et pourtant ils sourient, ces naïfs héros, ils frétillent toujours de cette délicieuse impatience de septembre, bien mieux, ils n’ont pu se résoudre à la quitter pour un vrai métier d’homme, pour une tâche adulte qui aurait rompu le cordon d’avec les livres, les cahiers et les camarades.
Tiens ! Je suis bien comme eux, moi aussi, incorrigible nostalgique de l’enfance. Ou plutôt ne suis-je pas là parce que je me sens imprégnée d’une mission sacrée auprès des chers petits, que même l’éducation parentale abandonne ? Soupir. Pourtant j’étais bien décidée, ce matin, en buvant trop vite, déjà ! un café sur le coin du frigo, j’étais bien décidée à conserver la plus grande partie de mon esprit dans la béatitude insouciante des vacances, pour me croire encore libre le temps du week-end proche. Mais voilà ! Je n’étais pas encore parvenue à la grille du collège que j’avais oublié jusqu’à ce désir de me réserver un coin d’été.
Enfin... Ils sont tous là, mes collègues, ou presque, assis sagement autour des tables de la cantine qu’on a rangées en carré pour l’événement. Plutôt souriants, il fait si beau, au dehors désormais inaccessible. Les habitués, que j’ai l’impression d’avoir quittés la veille. Quelques nouvelles têtes. Des dames surtout. Fatalité de notre triste existence de profs : l’homme se fait rare. Des petites jeunes filles aussi, un sourire timide aux lèvres, qui dévorent des yeux les visages, en s’efforçant d’attribuer à chacun sa discipline. Pourvu que les élèves ne les croquent pas toutes crues, dès le premier jour, avec leurs airs d’innocence tendre !
Et puis, il y a ceux qui sont tendus, le visage un peu crispé, qui soupèsent à l’avance les chances d’une année scolaire réussie, qui sondent les visages et les attitudes, qui estiment le poids et l’impact qu’auront les nouveaux venus. Peut-être se contraignent-ils aussi trop fort, en replongeant dans le travail. Ils vont jouer une nouvelle fois leurs forces physiques et leur courage à la roulette de l’enseignement, s’user à la tâche quotidienne, livrer toujours de nouveaux combats, qui sont pourtant toujours les mêmes. Alors ils cherchent, en ce premier jour, les compagnons de route aux épaules solides, à l’ingéniosité efficace aussi. Leurs forces, reconstituées par l’été réparateur, se ramassent et s’économisent avant le long face à face scolaire. Assez de bla-bla, semblent-ils dire, peu diserts dans les groupes, mettons sur pied des projets infaillibles ! Cernons les problèmes ! Encadrons les nouveaux à former ! Faisons corps !
Ils n’ont pas tort, car devant toutes les difficultés que nous rencontrerons, nous serons seuls. Prenons, par exemple, les nombreuses réformes, que l’État nous impose mais ne finance pas : « Crédits à rattacher au chapitre J32 du budget, » disent-ils en haut lieu, chapitre des actions pédagogiques, saturé déjà et alimenté par des subventions moribondes. Et pour ce qui est de la mise en oeuvre, c’est à chaque fois la réforme « dont nous sommes les héros » !  Il est remarquable que nos cervelles soient aussi souples et fertiles. Des Parcours diversifiés, en cinquième, nous avons sauté aux Travaux croisés, puis aux Itinéraires de découverte . Louables intentions, mais aucun budget. La politique du « détour  » exige des trésors d’invention pédagogique, ce dont, malgré les années qui passent, nous débordons, mais aussi d’imagination pour leur financement. Alors je les comprends d’avoir le sourcil déjà froncé, ces profs conscients et consciencieux. Mais je veux, un jour au moins, ce premier jour, ne pas gâter la pureté du moment, croire délibérément que tout est à faire et que nous saurons améliorer le monde !
Bon, le rite du café. Il stagne dans les Thermos depuis bien deux heures probablement et les biscuits à la noix de coco, dès neuf heures, très peu pour moi. Non, merci, Isabelle, je n’en veux pas ! Non, merci, Corinne, non... Pfff !
- Gente dame, du sucre dans votre marécage ?
La voix est moqueuse, la crinière blonde, l’oeil pétillant de malice. La répartie, stupide d’évidence, ne manque pas de me venir aux lèvres, du tac au tac :
- Point du tout, je ne marécage jamais si tôt, monsieur... ?
-  ... Pierre Despignac, pour vous servir ! fait-il, en saluant très bas avec un invisible chapeau.
- Ho ho ! D’Espignac ! Avec la particule ! Mazette ! L’Éducation nationale recrute du beau monde !
- Hélas ! Sans particule. Vive la République !
- Moi, je m’appelle Camille Fayolle et je vends du français. Tu es nommé ici ?
- En techno. Simplement rattaché.
- Ah oui ! Et tu sais déjà si tu as un remplacement à faire ailleurs ?
- Bien sûr que non, j’ai appris seulement avant-hier que je venais ici !
- Toujours aussi géniales, les nominations fin août ! Et d’où viens-tu ?
Un vacarme de chaises remuées nous interrompt. La grand-messe commence.

Caractéristiques

  • Auteur : Martine MAURY
  • Illustration de couverture : Malvina Campion
  • Format 16,5 X 24 cm, épaisseur 2 cm
  • 212 pages
  • Broché collé couverture souple
  • Poids: 444g

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