Le soldat perdu

Éditions DU ROURE

Le sang d'une innocente est venu souiller les pierre du cloître de l'abbaye de Chanteuges. En cette fin des années vingt, au cœur du haut Allier [...] cet assassinat sonne comme le présage d'un vent mauvais.

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Description

Auteur : Luc Bergougnoux
Éditions DU ROURE

BABELIO AVIS DES LECTEURS

Le sang d'une innocente est venu souiller les pierre du cloître de l'abbaye de Chanteuges. En cette fin des années vingt, au cœur du haut Allier où les travaux des champs et les prières quotidiennes rythment la vie de chacun, cet assassinat sonne comme le présage d'un vent mauvais. Afin d'exorciser les pêurs, l'étranger constitue, ici comme ailleurs, un coupable idéal. Sa chéchia rouge est une cible évidente, perdue entre le vert sombre des forêts et celui, plus pâle, des blés en herbe.
Camille Defaux n'aime pas les cibles évidentes. Sa mémoire à vif, encore suspendue aux barbelés des tranchés, fait de lui un enquêteur incontrôlable, vigilant et tenace pour lequel la justice demeure le seul repère qui donne encore un sens à une existence de survivant.

 

EXTRAIT

« Es-ti besoun d'espaso que fouguejon
per s'empara de ço que l'iue nous mostro ? »
Qu'est-il besoin d'épées qui étincellent
pour s'emparer de ce que l'oeil nous montre ?
Le poème du Rhône
Frédéric Mistral

PER COMMENÇAR

Imaginez une boîte à biscuits en fer blanc ornée de motifs floraux dont le temps aurait délicatement patiné les couleurs. Je l'aperçus, couverte de toiles d'araignée, coincée entre une pile de journaux en partie dévorés par les rats et un carton débordant de chaussures usées jusqu'à la corde. Pourquoi m'étais-je aventuré dans ce grenier poussiéreux alors que, dehors, le soleil de l'été inondait la montagne et invitait davantage à poser une ligne au bord de l'Allier ? C'est une image, cachée dans un recoin de ma mémoire, qui est soudain venue s'imposer au seuil du sommeil de la sieste digestive que je comptais m'accorder. Dans la vieille maison qui ne servait déjà plus que de poulailler, j'ai revu mon grand-père m'entraînant à l'étage pour me montrer le poste depuis lequel il tirait les grives sur les sorbiers voisins. Ce qui, enfant, me marquait surtout, c'était la trappe fermant l'accès au niveau supérieur que le vieil homme soulevait avec son dos. J'y voyais une entrée secrète vers un monde interdit qui ne pouvait être que fascinant. L'endroit m'effrayait tout de même un peu mais je vivais sa découverte comme une initiation conforté par la présence rassurante du maître des lieux. J'aimais l'odeur des cèpes qui séchaient sur les grillages à poules ainsi que l'honneur que me faisait le grand-père en m'ouvrant son jardin secret. L'envie de retrouver ces sensations précieuses de l'enfance me fit renoncer brusquement au sommeil délicieux à l'ombre du mûrier.

L'échelle de meunier me parut bien moins haute que jadis. Je pris soin de ne pas me servir de mes mains pour ouvrir la trappe, reproduisant ainsi les gestes restitués par ma mémoire. Tout comme l'escalier, la pièce semblait exiguë et bien plus sombre que dans mes souvenirs. Un bric-à-brac impressionnant d'objets hétéroclites colonisait le plancher. Sur plus d'un mètre de hauteur, s'amoncelaient des strates d'outils, de bouteilles, de boites et de papiers en tous genres. Comme un archéologue, j'imaginais qu'il était possible de remonter le temps en suivant, du haut vers le bas, la chronologie des dépôts effectués d'années en années. Malgré les nuages de poussière provoqués par le moindre déplacement, c'est avec délice que je me plongeais dans ce témoignage matériel de l'histoire familiale. Une fois passés les catalogues de vente par correspondance et les boîtes de Bonux bourrées de publicités, apparurent des cagettes débordant d'ustensiles ménagers. Chaque casserole, chaque couvert semblait avoir été érodé par des gestes mille fois répétés. Dans ce monde de paysans modestes d'avant la société de consommation, c'était l'usure et la nécessité qui déterminaient la durée de vie des objets.

En dessous, des journaux datés des années quarante cachaient un trésor qui se dévoila lorsque je soulevai la pile. Une petite boîte en bois brun d'une vingtaine de centimètres, grossièrement cloutée, renfermait une liasse de documents manuscrits ou tapés à la machine. Tous datés des années de Guerre, ils comptabilisaient les volumes des battages, les impositions sur les récoltes ainsi que les livraisons effectuées aux services du ravitaillement. Pas à pas, chaque feuillet ouvrait une fenêtre sur la précarité des conditions de vie dans les campagnes durant ces années sombres. Le fond de la boîte révéla une carte d'identité datée de septembre 1944 délivrée à mon arrière-grand-père par le préfet de Haute-Loire. L'intensité du regard clair de cet homme que je n'ai pas connu suspendit un long moment cet émouvant voyage dans le temps.

Ayant eu mon compte d'émotions, je m'apprêtai à quitter les lieux avec ma précieuse trouvaille lorsque je découvris la boite en fer blanc. L'ayant extirpée du recoin où elle reposait, je la déposai sur le sol à la lumière de l'unique fenêtre qui éclairait faiblement la pièce. Son contenu me surprit autant qu'il m'enchanta. Plusieurs dizaines de partitions de chansons populaires des années vingt aux années cinquante y avaient été conservées à l'abri des rongeurs. Je revis alors le papé fredonnant, la mine réjouie, des airs qui m'étaient inconnus.

J'avais entendu parler de ces publications qui longtemps s'étaient vendues sur les marchés et j'imaginais très bien le grand-père s'en achetant une ou deux à la fin de la foire. Chaque fascicule présentait le texte joint à la partition avec parfois, en médaillon, le visage d'un interprète entouré de motifs art déco.

Le soir même, je feuilletai avec curiosité et une certaine émotion la liasse de documents. Outre les exploits des aviateurs de la Guerre de quatorze et des vainqueurs des Tours de France des années folles, de nombreuses chansons évoquaient des affaires criminelles ayant, en leur temps, défrayé la chronique.

Caractéristiques

  • Auteur : Luc BERGOUGNOUX
  • Éditions DU ROURE
  • Couverture et maquette : Françoise DANCER
  • Format : 12 x 18 cm, épaisseur 15 mm
  • 168 pages
  • Broché cousu collé
  • Imprimé sur papier bouffant très légèrement ivoire
  • 168 gr

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