Labour sur la Planèze

Reproduction d'une peinture de Victor Fonfreide

LES TRAVAUX CHAMPETRES

Le Faucheur ... Le Berger ... La Traite des vaches, cette collection est bien le témoignage de l'activité paysanne en Haute Auvergne, toute centrée sur le troupeau. Il faudrait y ajouter la fabrication du fourrage, que Fonfreide a aussi évoquée par des silhouettes de burons.

Son Faucheur est au travail : il est beau, le mouvement tournant des bras et de la faux, beau aussi le rythme qui le commande, et que doivent suivre sans faillir, chacun à son rang, tous les gars de l'équipe, "la collé".

Les lourds andains tombent en cadence. Grâce à la forte pluviosité du printemps, l'herbe pousse ici avec une vigueur et une profusion uniques - 60 cm en 3 semaines. Il faut ne pas traîner mais profiter, au maximum, des journées les plus longues et des 10 ou 12 faucheurs d'appoint ajoutés dans les grosses fermes, à la main d'œuvre ordinaire, pour cette période de labeur forcené. Les faneurs et faneuses prendront la relève et, chaque soir des chars haut chargés franchiront le porche de la vaste grange.

Loin de ces travailleurs, l'insouciant Berger au saile semble prêt à plaisanter. Mais, si sa peau, tannée, ·est profondément ridée, si ses doigts sont noueux c'est qu'il a peiné lui aussi, passant sa vie dehors, exposé à toutes les intempéries. Combien de fois est-il rentré transi, la limousine lourde d'eau, après avoir cherché des heures sous la pluie, les vaches égarées dans la brume !

Il a perdu le compte de ses années, mais il se revoit loué dès ses 11 ans pour suivre le troupeau qui, à la Saint-Jean, après avoir tondu "déprimé" les prairies des vallées, gagne les Hauts Plateaux.

Le vacher et son aide, le "boutiller", ne sont pas toujours tendres avec lui et la vie est dure au buron.

Assistons à la Traite du matin, qui commence avant l'aurore...

Voilà le jeune berger portant la "selle" et le "gerlou". Le vacher et le boutiller vont avec lui au parc. Chacun, après avoir attaché la "selle" à son séant, appelle une vache et lui donne une poignée de sel. Le berger va au "parcou" (parc des veaux), appelle le veau, qui a le même nom que sa mère, et le conduit vers elle. Il le laisse téter un instant, juste assez pour que la vache "donne" le lait, puis il l'attache à la jambe de celle-ci et la traite commence.

Ainsi, de vache en vache, le gerlou s'emplit, on le vide dans la gerle. Vous la voyez, une fois pleine, suspendue à une solide barre de bois que portent les 2 hommes sur l'épaule, à un pas de cadence parfaite, jusqu'au buron, où sera fabriqué le fromage.

Entre les 2 traites, le pâtre est chargée de l'"aïgado" : c'est tourner autour de la "montagne" (la grande étendue de pacage dont dispose la vacherie) avec le troupeau, lentement, en le laissant manger et le surveillant bien. Au centre de la "montagne" où le parc est chaque jour déplacé, l'herbe est grasse. C'est la "fumade" où les bêtes sont "allendées", paissent librement, sans qu'on ait à craindre qu'elles s'éloignent, après la traite du soir.

Jusqu'à l'heure de les enfermer dans le parc pour la nuit, le berger peut, avec ses compagnons, vaquer à de petits travaux, se reposer et rêver dans la merveilleuse lumière des crépuscules de montagne.

Victor Fonfreide (1872 - 1934) peintre de l'Auvergne ancienne et paysanne 

L'Auvergne de Victor Fonfreide, c'est la "Grande Auvergne" l'Auvergne véritable, l'Auvergne de la Terre, de cette terre qui fait les hommes rudes de nos montagnes volcaniques.