Auteur : Anne Courtillé
Dès le milieu du XIIème siècle, une lente imprégnation du tissu régional par les éléments gothiques marque les nouveaux chantiers avant un élan encore plus décisif à la suite duchantier épiscopal clermontois dans la deuxième moitié du XIIIsuème/susiècle et au XIVsuème/su siècle. Le répertoire des formes mises en ouvrepar Jean Deschamps à la cathédrale de Clermont est exploité et l'art flamboyantse substituera ensuite lentement à cet art rayonnant qui perdure dans unerégion de la France moyenne où se croisent les influences. Les leçons venues du Nord et de l'Ouest sont confrontées au « gothique méridional » dont il faut peut-être relativiser l'importance. Au cours de ces siècles gothiques, l'art debâtir est pratiqué de façon intensive : cathédrale de Clermont-Ferrand et de Saint-Flour, abbatiales d'Ébreuil ou de La Chaise-Dieu sous l'égide du papeClément VI, collégiales d'Aigueperse ou de Moulins, vastes églises-halles à Billom, au Puy ou à Ambert, nefs uniques à Montferrand ou Aurillac, Saintes-Chapelles à Riom ou Aigueperse, églises paroissiales dans le Livradoisou le Cantal. L'architecture gothique dans les églises en Auvergne, Bourbonnaiset Velay est encore une extraordinaire aventure humaine à laquelle participent aussi bien les bénédictins que les ordres mendiants, des chanoines que desprélats, de modestes paroissiens que des mécènes comme le duc Jean de Berry oules Bourbons. Et la peinture murale conservée çà et là trahit les sentimentsles plus intimes de ces hommes et de ces femmes comme la crainte de la mort.Leurs fantasmes ont peut-être inspiré enfin les étranges culots enencorbellement pérennisant le travail des sculpteurs des chapiteaux romans.