QUAND CHANTAIT LA FONTAINE

Éditions CRÉER

"Je me demande qui a vécu comme ça, un jour !" Rassurez-vous!... Vos grands-parents! La vie d'un village tout au long du XXe siècle.

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Description

Auteur Philippe ROUCARIE

BABELIO AVIS DES LECTEURS

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« Je me demande qui a vécu comme ça, un jour ! » Rassurez-vous !... Vos grands-parents !

S'il est, aujourd'hui, dans certains milieux, un sacrilège que de l'évoquer, il ne faut jamais oublier que, sans eux, nous ne serions rien!... Ils étaient dépositaires d'une civilisation que le temps avait affinée. Individualistes dans la vie de tous les jours, ils étaient solidaires dès que la menace se manifestait, que la passion l'emportait sur l'habitude. Ils parlaient alors que de nos jours on ne communique pas. On écrit pour meubler le silence, pour dire ce que l'on croit que le monde écoutera. On appelle au secours!... Ils étaient assurés de venir du Temps. Ils léguaient au Temps le fruit de leur travail. On les jugeait purs, naïfs mais entiers. Et c'est pour tout cela qu'ils étaient grands.

 

EXTRAIT

I
L’histoire

C’était le monde du vent. Il était blotti à l’abri du col, avait pris possession d’un univers né des volcans, nourri des entrailles de la terre, façonné par la pluie, la neige, le temps. L’homme n’était venu qu’après. Il s’y était installé comme s’il devait avoir pour mission de ne pas laisser seule une telle beauté. Il était le complément naturel de la création. Et il y avait apporté une âme. Ce qui surprenait était l’émotion que dégageait ce paysage. De quand datait ce petit groupement humain ? Personne ne savait au juste sauf – peut être – quelque papier perdu dans quelque archive. Et quelle importance cela avait-il ? Le Créateur avait imaginé ce coin de paradis sur terre. Il était impensable qu’il n’y ait pas mis un Auvergnat pour ne rien laisser perdre. Et celui-ci l’avait, à l’évidence, annexé à sa manière. En lui-même, à la rigueur avec son voisin, il se plaignait du froid, de la difficulté de trouver du bois à cette altitude, de l’obligation d’avoir, dans la forêt lointaine une petite réserve propre, du temps passé à le transporter, de la neige qui durait tout l’hiver et beaucoup plus… Mais, dès qu’à la foire, il parlait de ses terres, tout ce qu’entre eux ils jugeaient un handicap, devenait discutable…
Ils avaient trouvé le brouillard à l’entrée du chef-lieu. Le Colonel avait attaché à la barre de fer qui courait tout au long du foirail son taureau de dix ans, arrivé au bout de sa course, trop lourd et devenu impotent et il regardait arriver un vieux compagnon du bourg venu le saluer. Ostensiblement, de la main ouverte, il chassait ce qu’il appelait de la fumée et qui, à l’entendre, l’empêchait de respirer :
« Je me demande comment vous arrivez à vivre !… Moi ?… J’en perdrais le souffle !… »
Habitué à l’esclandre, l’interlocuteur le regardait en souriant.
« Il n’y en a pas trois fois dans l’année. Et, comme vous l’avez vu il commence juste à l’entrée du bourg !…
– Trois fois !… Tu oublies le lendemain ce qu’il s’est passé la veille ! »
Et il était inimaginable de ne pas transformer ce qui était une petite gêne en un don du ciel :
« Le brouillard ? Je veux bien, mais, au printemps, il protège du gel !… Tandis que vous !… »
Évidemment. Entre le chef-lieu et le village il y avait la différence qui existe entre le bord de la mer et le sommet des collines. Mais là n’était qu’une escarmouche. Il était impensable au Colonel de ne pas pousser plus avant la discussion :
« Il y a une heure qu’on l’a, le soleil !… »
Et c’était vrai ! Les premiers rayons étaient pour ce hameau perdu dans la montagne et les derniers l’étaient encore pour lui !
« Je veux bien. Mais vous avez de la neige un mois de plus que nous !… »
L’argument paraissait irréfutable. Un hiver plus long, c’était le troupeau bloqué à l’étable un temps supplémentaire, davantage de fourrage et autant de travail en supplément… L’ami  paraissait désarçonné. Mais il était loin d’avoir usé de tous ses arguments :
« La neige ?… D’accord !… Mais il n’y a pas meilleur engrais ! »

Ce dialogue était le résumé de la vie. Chacun était attaché à son petit périmètre, y était né, était le représentant actuel d’une lignée installée là depuis un temps qu’il ignorait. Et cet héritage l’instaurait défenseur d’une situation qui, parce qu’elle était la sienne, était aussi indiscutable que soumise à ce double impératif qui voulait d’abord qu’elle soit la meilleure mais qu’en conséquence, et si d’elle naissait quelque avantage évident, on le discutait mais on ne l’acceptait jamais.

Le village était le concentré des extrêmes. Le soleil, d’abord qui le visitait en premier et, conscient d’avoir bouclé sa tâche du jour, le saluait en dernier, la neige qui noyait le col avant de se transformer en pluie dans la vallée, le vent enfin. Mais là, et à la gloire des Grands Anciens, les maisons s’étaient blotties dans un repli de terrain, protection naturelle des colères de la nature. Seule, la ferme du Colonel, lancée en reconnaissance, masse en apparence égarée, faisait diversion. Mais deux blocs la protégeaient : la grange qui paraissait enterrée tant elle était massive et basse, une rangée de frênes géants, nés du temps, de la patience et de la force de l’arbre. D’où venaient-ils ? De quel lointain conquérant qui, pour être plus près de ses herbages, avait abandonné la protection des collines ? Ils avaient grandi, tortus, chancreux, perclus de rhumatismes et survécu en enterrant dans le sol autant de bois qu’ils poussaient en l’air. Ils s’étaient  forgés des fondations de cathédrales.
Le vent cognait dans les branches, sifflait de colère. Découpé il se reformait dès l’obstacle passé, grondait, chassait les feuilles en automne et la neige en hiver regroupant les premières en rouleaux et la seconde en congères.

Caractéristiques

  • Auteur Philippe ROUCARIE
  • Format : 16,5 x 24 cm, épaisseur 24 mm
  • 306 pages
  • Composé en police de caractère de corps 14 pour faciliter la lecture
  • Poids: 533g

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