Mauvaise mine

Éditions DU ROURE

Entre, les riches propriétaires des mines de fluorine de Marsanges et les pensionnaires des maisons closes du Puy-en-Velay, l’adjudant Camille Defaux explore des univers aux antipodes et qui pourtant se confrontent.

1C-RO1032
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Description

Auteur : Luc BERGOUGNOUX
Éditions DU ROURE

BABELIO AVIS DES LECTEURS

Entre, les riches propriétaires des mines de fluorine de Marsanges et les pensionnaires des maisons closes du Puy-en-Velay, l’adjudant Camille Defaux explore des univers aux antipodes et qui pourtant se confrontent. En ce début des années trente, une guerre s’éloigne tandis qu’une autre s’annonce parsemant ses prémices au fil de l’enquête. Dans le chaos social et politique de cet entre-deux, la mort d’un homme vient bouleverser des équilibres précaires bâtis sur le silence et les secrets.

Comme dans « Le soldat Perdu » et « Casque à pointe », l’enquête policière offre à l’auteur l’occasion d’explorer la société d’une époque, les mutations et les traumatismes qui l’animent. Les incertitudes de ce temps font écho à celles de la France actuelle, à nouveau confrontée à la tentation du pire.

 

EXTRAIT

« J'ai connu bien des filles de joie
qui avaient pour père
un homme de peine. »
Alphonse Allais

PER COMMENÇAR

Le monde regorge de trésors. Certains font la fortune des opportunistes ou des plus audacieux, d'autres naissent simplement du regard que l'on porte sur les choses. L'imagination agit en alchimiste. Elle détient les formules capables de transmuter le quotidien et l'anodin pour en faire des champs infinis de joyaux et de prodiges. Ces pouvoirs, hélas, sont bien souvent solubles dans le temps, déclinant à mesure que s'éloigne l'enfance.

Me promenant, au début de l'automne, dans les rues du village, en cherchant vainement à capter un souffle d'air qui puisse atténuer la chaleur étouffante de promesses orageuses, mes mains ont ranimé une quête fiévreuse.

Par un après-midi semblable, alors que je courais, enfant, dans les mêmes ruelles, mon grand-père avait stoppé ma cavalcade en m'invitant à le rejoindre sur le muret en pierres sèches qui faisait à la fois office de poste d'observation et de siège improvisé. À l'ombre conjuguée de la maison et des arbres du jardin, il pratiquait là une chasse aussi minutieuse qu'incongrue. Ayant abandonné une poire trop mûre sur la pierre la plus plate, il guettait l'approche des guêpes venues se gorger du sucre libéré par le fruit ouvert. Levant alors sa canne avec une lenteur étudiée, il en abattait brusquement la pointe sur le malheureux insecte avec une adresse qui faisait mon admiration. Sans doute l'entreprise se heurtait-elle parfois à des échecs, mais ma mémoire ne garde que la trace des succès que le vieil homme ponctuait d'un sourire satisfait et d'un clin d'œil complice. Il possédait le don d'extraire le merveilleux de l'ordinaire, de polir la surface des choses afin que l'imagination parvienne à s'y engouffrer. Il détenait des secrets qu'il me livrait parfois avec un sérieux tel que je les recevais comme des pépites scintillantes et exclusives. Ainsi, la cueillette des champignons prenait des allures de rite initiatique au cours duquel il me dévoilait la forêt comme un monde dont lui seul possédait les arcanes. J'apprenais alors à laisser le silence et la lenteur précéder la joie de la découverte. Lorsque sa canne dévoilait le cèpe dont le brun du chapeau émergeait à peine d'un tapis de feuilles dont il paraissait adopter les teintes afin de mieux se dissimuler, son triomphe devenait le mien et je ne songeais alors plus qu'à presser le pas pour renouveler l'émotion de la découverte.

Ce jour-là, après qu'il eut légèrement relevé sa casquette sur son crâne, j'ai perçu aux étoiles de malice qui venaient se dessiner sur ses tempes le signe annonciateur d'une gourmande révélation. M'invitant à m'approcher, il glissa la main dans la poche de son éternelle veste de velours côtelé. Un moment qui me parut infiniment long, son poing demeura fermé sur l'objet qu'il venait d'extraire de sa cachette. Après que le suspens eut été suffisamment entretenu à son goût, il déplia lentement ses doigts épais qui semblaient enserrer sans relâche l'outil invisible qui les avait façonnés. Au creux de la paume ouverte, une rondelle de métal vaguement verdâtre me laissa un instant dépité.

- Tu connais Napoléon ? Non ? On t'apprend rien à l'école !

Il m'apprit alors que le personnage qui arborait cette étrange barbichette pointue à l'avers de ce qui s'avérait être une pièce de monnaie en cuivre portait le nom, un peu ridicule selon moi, de Napoléon Ill. Avec malice et subtilité, il sut rapidement éveiller la curiosité et la convoitise nécessaires à son entreprise. L'objet, d'une valeur naturellement considérable, provenait prétendument d'une découverte fortuite au cours de la promenade du matin. Il l'avait aperçu, pris dans la terre sèche, niché au fond d'un des interstices qui séparaient les pierres de la façade d'une maison voisine. Après m'avoir laissé mesurer la dimension admirable de la trouvaille, il me livra une déduction qui allait, plusieurs mois durant, être à l'origine d'une quête aussi fébrile que réjouissante. D'autres monnaies, tout aussi précieuses et rares, reposaient certainement encore, peut-être même en quantité, dans les joints des murs du village. Il comptait bien les chercher et espérait que je pourrais le seconder dans sa quête.

J'ignore combien d'heures j'ai pu consacrer à guetter, entre les pierres, tantôt à quatre pattes, tantôt en grimpant aussi haut que possible, la présence de ce trésor qui n'attendait que moi. Une improbable collection d'objets métalliques se révélait sous mes doigts impatients. Des clous, des vis, des boulons, des morceaux de fer dont l'usure avait effacé l'usage, collectés par des mains qui les avaient placés là en imaginant les utiliser à nouveau avant de les oublier définitivement. Une dizaine de pièces aussi, suscitant à chaque fois une excitation que je ne songeais qu'à renouveler. Le filon, bien sûr, en vint à se tarir mais les précieux Napoléons s'écoulèrent encore longtemps de la corne d'abondance de mes rêves d'enfant.

Caractéristiques

  • Auteur : Luc BERGOUGNOUX
  • Éditions DU ROURE
  • Couverture et maquette : Françoise DANCER
  • Format : 12 x 18 cm, épaisseur 14 mm
  • 160 pages
  • Imprimé sur un papier bouffant très légèrement ivoire
  • 160 gr

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