Auteur : André TOURET
Préface Jean Émile GUILLAUMIN
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Avec le siècle qui s'achève, revenons une centaine d'années en arrière ? Dans le département de l'Allier, les trois quarts de la population vivent encore dans les campagnes : grands propriétaires fonciers, fermiers généraux, métayers, petits propriétaires, domestiques et ouvriers agricoles, vignerons, ouvriers de la forêt ? Mais aussi commerçants et artisans des bourgs encore très nombreux. C'est la vie quotidienne de ces populations qui est étudiée à partir de documents d'archives. Une place importante est aussi consacrée aux pionniers du syndicalisme agricole du début du siècle : Jules Rougeron avec la Ruche viticole de Prunet, Michel Bernard avec le premier syndicat de cultivateurs de Bourbon l'Archambault, Émile Guillaumin, l'écrivain-paysan d'Ygrande, qui aide de sa plume le mouvement syndical. Un ouvrage de fond avec cartes, tableaux statistiques, photographies lettres et documents divers, qui fait revivre la condition de nos aïeux et permet de mesurer les changements intervenus au cours de ce siècle.
EXTRAIT
BILAN ET PERSPECTIVES EN 1914
Si les structures foncières et les modes d'exploitation avaient en un demi-siècle et même bien davantage, peu évolué, on a pu assister par contre, à une transformation beaucoup plus rapide des mentalités dans la période précédant la guerre de 1914.
Plutôt satisfaits de leur sort sous le Second Empire et au début de la IIIème République, à la limite résignés, les paysans de l'Allier ont profité de la généralisation de l'enseignement primaire, du développement des voies de communication, de la diffusion des journaux, de l'apparition de nouvelles techniques agricoles. Des leaders sortis directement de leurs rangs, Jules Rougeron, Michel Bernard, Émile Guillaumin, Georges Milcent, ou défendant leurs intérêts comme Pierre Brizon, leur avaient fait prendre conscience de la place indispensable que les paysans occupaient dans le monde économique et social. Ceux qui vivaient de leur travail commençaient à réaliser qu'une minorité vivait à leurs dépens, et que le prix de vente de leurs produits, le prix d'achat des fournitures avaient tendance à leur échapper. Existait-il pour autant une conscience de classe ? Dans un monde aussi hétérogène que le monde paysan, l'opposition radicale entre grands propriétaires fonciers et fermiers généraux d'une part, métayers, fermiers exploitants, petits propriétaires et salariés agricoles d'autre part, peut apparaître comme une interprétation à la fois séduisante et simplificatrice.