LE BAL DES AMIS

Éditions CRÉER

Jamais son compagnon n'aurait évoqué l'aventure, juste un geste qui voulait tout dire... L'amitié ne se proclame pas. Elle se montre ! ...

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Description

Auteur Philippe ROUCARIE

BABELIO AVIS DES LECTEURS

VERSIONS NUMÉRIQUE DISPONIBLES

Ils étaient nés dans la campagne profonde et, par la vertu d’'un Instituteur d’'exception, ils avaient explosé à la lumière. Durant cette période troublée qu’'avait été la guerre, ils avaient connu de la vie les échecs, les difficultés, les dangers, mais aussi la réussite et les honneurs, tout ce qui donne à la vie son éclat. Seulement, en plus, ils avaient conservé intacte leur amitié d’'enfants. Puis, la retraite arrivée, ils avaient décidé de se retrouver, une fois dans l'’année, dans le cadre de leurs vingt ans afin que chacun raconte un incident caché de son existence. La diversité est totale et seule, ancrée en eux, la survivance d'’une époque exceptionnelle peut expliquer qu’'au-delà des différences, ils se rencontrent avec le même bonheur dans la lumière du souvenir.

Extrait

Ils étaient une demi-douzaine à mener grand train chez la Louise. Ils avaient annexé la salle du fond, comme autrefois. Pour les rares passants, cette réunion et maintenant cette ambiance auraient pu paraître déplacées, voire incongrues. Car le village, comme tous et partout dans le pays, avait fondu et était devenu une ombre. De la montagne des petits qui se bousculaient sur les bancs des classes, occupaient les rues de leurs cris, de leurs jeux et de leurs disputes, restaient quelques survivants que les cuisines avalaient aussitôt qu’apparus.

Mais, pour nos visiteurs de ce jour, tout était oublié. Ne demeuraient que les souvenirs, ceux de ce temps où ils avaient vingt ans et avaient de la même façon occupé la même salle, chaperonnés par le même mentor. La Louise allait de l’un à l’autre, de la salle du café à celle de leur réunion, à nouveau active, oublieuse de ce que les ans lui avaient apporté de douleurs, de nostalgie et de regrets. Brusquement elle avait, elle aussi, retrouvé ses vingt ans, cet enthousiasme que lui procurait cette rencontre imprévue, cet amour qu’elle avait toujours éprouvé pour l’un ou pour le suivant, indifféremment, au hasard des rencontres, des instants et de ces contacts qu’elle affectionnait. Elle avait toujours besoin d’avoir sa main posée sur une épaule ou sur une autre et, pour le moment, c’était François qu’elle couvait de ses yeux devenus humides. Car elle avait rêvé, à vingt ans, d’un destin qui ne pouvait être que celui d’un conte et elle avait partagé sa vie avec l’Albert, brave garçon mais dont le rôle essentiel avait été de terminer toutes les bouteilles que ses clients fidèles ou occasionnels avaient oubliées sur les étagères. Il ne se rappelait pas en avoir jamais jeté une seule et dans un souvenir vague laissaient se côtoyer l’anis, le Picon, le vin cuit ou quelque spécialité éphémère sortie d’une ombre, effacée par la suivante. Il était dévoré par l’alcool, avait l’estomac blindé et l’esprit aussi vide que le portefeuille du Chabadou ce qui, à l’évidence, était un comble. /Seul, un foie monumental, gigantesque et qui faisait l’admiration du Docteur, se posait sur son genou comme il l’aurait fait sur un trône.

Depuis la fin de la matinée, l’Albert oublié, la Louise revivait.
Qui avait eu l’idée de cette réunion ? Tous sans doute mais Paul en particulier. La décision avait été prise l’année précédente, le jour de la Toussaint. Raymond, venu fleurir la tombe de ses parents avait rencontré son compagnon et, au-delà de quelques vagues congratulations, avait ressenti la révélation : « Si, l’an prochain, on tentait de se réunir ?… Ceux qui avons eu vingt ans à la fin de la guerre… Les copains ?… »
De suite, il avait insisté : « On demanderait à la Louise de nous préparer le repas… Dans la salle !… »
Tout s’était enchaîné…
Et, aujourd’hui, ils étaient tous là, ceux que la vie avait séparés, sauf deux qu’elle avait effacés et Pierrot que sa femme avait remisé au placard… Si un œil critique les avait regardés de près il aurait constaté qu’ils représentaient en raccourci le monde soumis aux aléas de l’âge. Ils étaient loin, perdus dans le souvenir, les chats maigres qu’ils étaient à vingt ans. Les corps s’étaient empâtés, les kilos avaient changé de place, l’arthrose avait trouvé dans les articulations un poste de choix. Mais au-delà de tout, l’esprit était resté jeune, les remarques vives et la joie avait inondé les cœurs.
Les bicyclettes du passé avaient cédé leur utilité à des berlines dont le confort aurait pu amener l’envie. Mais tous avaient eu le réflexe d’abandonner cette marque extérieure à la place qui n’avait jamais recelé une telle fortune. Et ils s’étaient retrouvés sur le seuil par deux, par trois, se congratulant gentiment, heureux soudain de cette atmosphère inespérée, complices à l’idée de la petite farce qu’ils jouaient à la vie. Le présent oublié, seul restait le souvenir magnifié par les détails qui leur faisaient apparaître l’immuabilité du temps. Ils en auraient été persuadés aujourd’hui. Cette réunion ? Elle était la suite normale, logique, évidente même de celle qui les avait rassemblés un demi-siècle plus tôt…

Caractéristiques

  • Auteur : Philippe ROUCARIE
  • Format : 16,5 x 24 cm, épaisseur 13 mm
  • 210 pages
  • Broché collé couverture souple sans rabats
  • non illustré
  • Poids: 382g

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